Ce mercredi 10 janvier, une grande partie des prévisionistes et climatologistes du jour de la DIRIF se sont mis en grève. Voici la lettre qu’ils ont fait parvenir à la direction générale et aux organisations syndicales :
Dans un contexte déjà difficile de réorganisation 3P, nuisible à nos conditions de travail et au service rendu à la nation, la situation neigeuse du 8 au 9 janvier a montré que la nouvelle chaîne de production était défaillante avec une incapacité de la prévision immédiate à prévoir de la neige alors même que l’événement était en cours, conduisant à un site grand public faux (ciel couvert sans neige affiché sur l’application) et à des productions fausses ou incohérentes envoyées à nos usagers. Cela ne serait jamais arrivé dans la précédente organisation, où les PAR auraient pu modifier la base dès 16h en cohérence avec l’expertise et la vigilance jaune émise sur la base des modèles de 12h, puis tout au long de la nuit en prévision immédiate.
Aujourd’hui, la honte s’abat sur un établissement incapable de retranscrire dans sa base de données de prévision ce qu’il se passe et ce que les citoyens constatent au dessus de leur tête, alors même que ses agent·es n’ont pas une maitrise totale de la production finalisée, et que des
outils comme le logiciel de vigilance ne sont plus développés malgré des besoins exprimés de longue date.
En effet, cet épisode suscite de la part du grand public et des passionné·es de météo des quolibets d’autant plus difficiles à supporter qu’ils ciblent spécifiquement la qualité de notre travail de prévisionnistes, alors même que nos conditions de travail sont profondément dégradées et déjà génératrices de nombreuses souffrances ; que l’on fait tourner des agents sur des postes et des outils pour lesquels ils n’ont pas, ou peu, été formés ; que nous n’avons pas la main sur les prévisions de l’établissement ; et que nous alertons depuis des années sur les risques de l’automatisation à outrance.
Il a également suscité une critique de la part du ministre Clément Beaune sur une supposée non-anticipation du phénomène par Météo-France. Cette accusation, fausse et irrespectueuse, est totalement inacceptable de la part d’un membre de l’un des gouvernements qui, mandature
après mandature, ont démantelé le service public météorologique national.
Dans ce contexte, la plupart des agents prévus en service ce jour ont décidé de se mettre en grève sur la base du préavis intersyndical en cours afin de marquer leur désolidarisation avec la production défaillante de l’établissement. Ce mouvement s’inscrit également dans la continuité des mouvements déjà initiés par la DIRSE, la DIRCE, et la DIRN.
Il est urgent pour Météo-France de redevenir digne de ses missions de service public et de redonner à ses agents la fierté de leur établissement : nous avons besoin de moyens et d’effectifs suffisants pour travailler efficacement, dans de bonnes conditions, pour un service de qualité, à la hauteur de nos obligations de sécurité des personnes et des biens.
Les prévisionnistes de la DIRIF demandent à ce qu’une correction de la base Alpha soit faisable en DIR avec un dimensionnement des effectifs suffisant pour le permettre. Cette correction de la base Alpha doit être possible à tout moment de la journée et non pas seulement 4 fois par jour, pour une prévision immédiate fiable et expertisée. La prévision immédiate automatique doit être abandonnée.
Les prévisionnistes de la DIRIF