Marc Drogoz et Thomas Floderer représentaient le SNM/CGT.
Suite à la bascule « 3P » et aux dysfonctionnements qui ont suivi, de nombreux collègues ont fait des signalements dans le registre Santé et Sécurité au Travail. Alertés par ce nombre inhabituel de signalements, les représentants du personnel ont demandé une réunion exceptionnelle de la Formation Spécialisée, qui s’est donc tenue ce 15 décembre.
La réunion a commencé par la déclaration intersyndicale suivante :
« Devant l’urgence de la situation et les risques pour la santé des agent·es, l’intersyndicale a demandé la tenue de cette FS/EP extraordinaire dans les plus brefs délais pour examiner les impacts et risques sur la santé des personnels générés par la bascule 3P et les actions curatives et préventives à mettre en place.
Nous voici désormais dans le nouveau monde « 3P » et les dégâts annoncés par les personnels et leurs représentants depuis 5 ans sont bien là, portant un sérieux coup à la crédibilité de l’Établissement.
Probablement acculée par les faits, la direction générale tend à moins recourir au « tout va bien » et un début de reconnaissance des difficultés semble poindre. Les agents attendent que la direction générale reconnaisse que le système qu’elle a mis en place n’est pas nominal. Nous attendons également des actes en conséquence : quelles mesures sont possibles pour améliorer les choses ? Comment allez-vous prendre en considération les conséquences de vos décisions dans le cadre de 3P, notamment pour l’état de santé des agent·es ? Comment ouvrir un nouveau chapitre post-3P pour panser les plaies et trouver des solutions ?
La responsabilité de la direction générale est patente concernant la situation dans laquelle se trouvent l’Établissement et ses personnels. L’avis de la médecine du travail n’a pas été considéré à son juste niveau.
Par ailleurs, si l’accompagnement individuel peut s’avérer nécessaire pour les collègues qui en ressentent le besoin, il ne saurait être la réponse centrale aux souffrances diverses causées ou aggravées par 3P. C’est d’abord et avant tout l’organisation collective du travail dans la nouvelle chaîne de prévision qu’il faut ré-interroger, avec des outils, méthodologies et formations adaptés et suffisamment testés ; et cela devrait inclure la nécessité de recrutements bien supérieurs à ce qui est concédé à l’Établissement pour 2024 ! C’est aussi un retour à plus d’écoute réelle des personnels comme de leurs représentant·es.
Nous avons besoin de cohésion sociale et de réponses aux attentes des agents. Un des premiers enseignements de cet épisode est pour nous « plus jamais ça ». Maintenant, il est urgent d’agir en mobilisant tous les moyens disponibles. Enfin, nous attendons de la direction qu’elle reconnaisse les efforts en cours des agents qui maintiennent notre Établissement à flot. »
Tout était dit dans cette déclaration, mais les réponses de la direction n’ont clairement pas été à la hauteur de l’urgence de la situation.
Les améliorations techniques significatives ne peuvent pas être apportées avant plusieurs mois car les développeurs sont débordés par les nombreux bugs à réparer en urgence, suite à une bascule précipitée. Les agents se retrouvent comme dans une période de test, sauf qu’ils sont bien en opérationnel. Leur implication pour sauver l’Établissement (son image, sa crédibilité, donc son avenir) se fait au détriment de leur santé.
Dans ces entrevues avec les agents, la médecin-cheffe a noté une hausse du recours aux antidépresseurs et aux addictions (alcool, …).
L’Inspectrice Santé et Sécurité au Travail prend conscience d’une situation plus grave qu’elle ne le pensait.
Dans les fiches du Registre SST ressort un besoin de consignes claires pour pouvoir fonctionner au quotidien et gérer les multiples problèmes actuels. On ne peut pas continuer avec « Vous faites comme vous pouvez/voulez ». Cela crée des situations de souffrances individuelles inadmissibles.
Mais lors de cette réunion, la Direction n’a rien proposé pour clarifier le fonctionnement actuel, laissant les collègues encore livrés à eux-mêmes pour les prochaines semaines.
La Direction fait appel à un « effort collectif » pour sortir de cette ornière. Mais si la Direction avait tenu compte du collectif (avis des collègues réunis ou non en GT, des représentants du personnel, de la médecine de prévention, …), on n’en serait pas là aujourd’hui.