CSA exceptionnel DIROI – gestion de la crise de l’eau à Mayotte

 

CSA exceptionnel DIROI – gestion de la crise de l’eau à Mayotte


du 11/10/2023

Suite à la rédaction de 4 fiches de signalement sur le Registre Santé Sécurité au travail, un CSA exceptionnel sur demande du syndicat Solidaires s’est tenu le 11 octobre 2023.

Le SNM-CGT était représenté par Olivier Dutay,

Les 4 fiches de signalement sont liées à la crise de l’eau à Mayotte et plus particulièrement à la situation du CM976. 2 fiches concernent la potabilité de l’eau et 2 autres concernent les actions de la DIROI ou de façon plus large les actions de l’employeur vis à vis des agents du CM976 et de leur santé.

Point sur la situation du CM976 face à la pénurie d’eau concernant l’ensemble de l’île.

La station se trouve sur une alimentation en eau qui jusqu’ici a été préservé en raison de la proximité d’installation sensible. Le réseau d’eau reste néanmoins fragile et une non-conformité de l’eau a été constatée courant septembre par l’ARS. Pour prendre en compte, la complexité du sujet la page du site https://www.mayotte.ars.sante.fr/quest-ce-que-le-controle-sanitaire-des-eaux-de-consommation permet d’y voir plus claire.

Sur le plan institutionnel, l’ensemble des services de l’État est sous l’autorité du préfet sur le territoire de Mayotte. Autrement dit, chaque action menée localement par les opérateurs d’État sont sous la surveillance du préfet.

Les coupures d’eau ont commencé en décembre 2022 de façon nocturne puis les restrictions ne font que progressivement se durcir. Autrement dit, cette crise de l’eau s’inscrit dans la durée et les conditions de travail dans le CM976 se dégradent. Le maintien de l’activité du centre est conditionnée par le stock d’eau disponible à la station et par la volonté des agents à tenir le poste.

L’aspect sanitaire est évidemment soulevé avec en particulier la notion de maladie d’origine hydrique (choléra, diarrhée, dysenterie, hépatite A, typhoïde et même la conjonctivite …). La pharmacie du CM976 est donc à revoir.

L’équipe s’est donc projetée sur des situations de coupures d’eau à 24h, à 48h et à 72h et une reprise de l’activité par le CM 974 (Réunion) paraît inéluctable si la situation ne s’améliore pas. La situation de crise est plus que météo-sensible mais l’attente d’une saison des pluies dans un contexte de fort El Nino ne présage rien de bon.

Un container est en cours d’acheminement depuis la Réunion avec une palette d’eau et d’autres produits et équipements. Le choix d’un container permettait de maîtriser les délais de livraison (le bateau, ça reste long) et de sécuriser l’envoi. De plus, les agents partant en mission à Mayotte peuvent livrer par avion un bagage supplémentaire contenant des bouteilles d’eau.

Les actions de la DIROI pour maintenir des conditions de travail satisfaisantes

Elles sont multiples et diversifiées en fonction de l’agent, logé ou non. Des dossiers de demandes d’aide exceptionnelle (2000 € par famille) sont en cours de préparation pour faciliter l’achat d’eau et d’équipements. Il y a donc une action sociale bien active pour les agents qui permet de traiter chaque cas particulier.

Des équipements tels que des récupérateurs d’eau de pluies vont être livrés au CM976, ainsi que des kits hydro-économe. L’étude de l’installation d’une réserve d’eau potable induira probablement des investissements en 2024 mais ceci nécessite des compétences particulières. Cela soulève de nombreuses questions, par exemple, qui est responsable de la qualité et de la conformité de l’eau à sa consommation ?

La recherche d’un prestataire logistique plus adéquat et d’un groupage avec un autre opérateur sont des pistes sérieuses pour maintenir le stock d’eau au CM976. Tout en sachant que logistique et insularité sont 2 sujets complexes avec des coûts qui sont loin d’être maîtrisés. L’implication métropolitaine sur le sujet semble assez ténue.

Le ressenti des agents de la DIROI et plus particulièrement du CM976

Tout cela a un relent de gestion du COVID , en effet pour une partie des agents, on sent une défiance vis à vis des recommandations de l’ARS et plus largement des pouvoirs publics.

Météo-France opérateur spécialisé dans la gestion de crise d’origine météorologique ou/et climatologique semble quelque peu dépassé par les évènements. Ce qui est tout à fait compréhensible car on ne sait plus où donner de la tête entre les obligations de l’État, les obligations de l’employeur et l’obligation de réserve du fonctionnaire.

Néanmoins, les agents du CM976 souhaitent maintenir l’activité du centre ainsi que la continuité territoriale avec le maintien des missions en provenance de la Réunion principalement.

Ces missions ne sont maintenues à Mayotte que sous certaines conditions :

– pas de pression sur les ressources locales

– pas de mise en danger des agents en missions

– soutien moral aux équipes du CM976

Dans l’état actuel, les agents du CM976 se sentent en sécurité dans les locaux de la station même si des tensions internes propres à la situation peuvent émerger à tout moment. La distribution de l’eau à chaque agent par la Cheffe de station n’est pas sans rappeler une situation de guerre. Les mesures prises par l’employeur pour maintenir l’activité du centre sont également une source potentielle de clivage avec le reste de la population dont la précarité est accentuée par la pénurie d’eau. Dans ce contexte, il est aisé de comprendre que le niveau de stress est élevé et que le point fait sur cette situation peut rapidement devenir caduque.

Le SNM CGT réaffirme son soutien aux collègues du centre de Mayotte.

Prochain CSA de la DIROI prévu le 31 octobre.

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